Archive for Mai 2010

Je réécoute Townes Van Zandt et je me dis qu’il est plus que temps que je me plonge attentivement dans ses albums.

31 Mai 2010

http://www.youtube.com/watch?v=RUAzhVHQQRs&feature=related

J’aime bien cette anecdote :

Steve Earle a dit lors d’une interview : “Townes Van Zandt is the best songwriter in the whole world, and I’ll stand on Bob Dylan’s coffee table, in my cowboy boots, and say that.” Ce à quoi Townes van Zandt à répondu : “I’ve met Bob Dylan’s bodyguards, and if Steve Earle thinks he can stand on Bob Dylan’s coffee table, he’s sadly mistaken.”

Je ne connaissais pas cette version

31 Mai 2010

Kuupuu – Kevätlauluja (autoproduit, 2004)

30 Mai 2010

La musique de Kuupuu est telle la première lueur de l’aube, ou la dernière du crépuscule, c’est selon. Elle est l’instant précis, l’infime seconde pendant laquelle l’Eden agonisant s’est mué en ce monde neuf que l’homme a peuplé de ses frayeurs. Elle est le temps qui s’écoule inexorablement, l’éternité qui s’effrite. Elle est la vibration primordiale entre ce qui est et ce qui n’est pas, ce qui naît et ce qui cesse d’être.

Cette musique est insaisissable, mystérieuse et fugace. Elle pourrait aussi bien avoir été composée par le vent. Elle en a la grâce, la légèreté et l’imprévisibilité.

Le troisième morceau de l’album en est l’exemple parfait.  Ingalle, a la fugacité d’un songe et semble à peine exister. Les quelques notes inlassablement égrainées sont constamment au bord de la disparition. Onnenkuolaa et Onnenkuolaa Kaksi, vacillent comme des flammes au vent. Leurs mélodies fantomatiques jouées au piano semblent toujours sur le point de s’évanouir. Rüsiä Ja Verta quant à lui n’est qu’un lointain grondement, un souvenir claustrophobique enfoui, qui hurle et gratte aux portes de la mémoire pour venir tourmenter à nouveau.

Cet album purement instrumental est l’un des plus insaisissables de Kuupuu. Il est spectral et nimbé de l’atmosphère mystérieuse du premier matin du monde.  Je suis ébahi par tant de finesse et de beauté.

Ilyas Ahmed – Yahan Dur Wahan (autoproduit, 2006)

30 Mai 2010

Je réécoute actuellement quelques CDr d’Ilyas Ahmed. Je suis une fois encore subjugué par leur puissance et leur beauté. Le folk ténébreux et apocalyptique d’Ilyas Ahmed évoque la désolation et la solitude du désert. Il nous embarque pour une dérive nocturne dans des contrées arides et reculées.

Guitariste virtuose qui à l’instar de Ben Chasny excelle dans l’art du folk hanté, Ilyas Ahmed hypnotise et fascine. Sa musique porte en elle une douleur inconsolable et dépeint des paysages anéantis et ravagés auxquels la nuit apporte une étrangeté spectrale.

Seul à la guitare, il fredonne parfois d’une voix fantomatique des paroles incompréhensibles qui achèvent de donner à sa musique sa part de désespoir, de mystère et d’éternité.

Définitivement un des guitaristes les plus fascinants de notre époque.

Grachan Moncur III – Some Other Stuff (Blue Note, 1965)

24 Mai 2010

Quand Blue Note s’aventure dans le free jazz, c’est en restant bien loin de la furie et de la fièvre qui caractérise habituellement le genre. Some Other Stuff baigne dans une ambiance bleue et nocturne. Grachan Moncur III et ses musiciens (et quels musiciens! Wayne Shorter, Herbie Hancock, Cecil Mcbee et Anthony Williams) délivrent 4 morceaux tout en grâce et en apesanteur, au fort pouvoir cinématographique.

Gnostic aurait pu être la B.O. d’un film noir et onirique. Le morceau véhicule un sentiment de suspens et exhale un spleen pluvieux et urbain. Il dégage la même tension et le même sens du mystère que les films de Polanski des années 60. Sa beauté abstraite et flottante captive.

Moins aventureux que le morceau précédent, Thandiwa fait lui aussi naître les mêmes images mentales de villes la nuit, de néons réfléchis sur des trottoirs détrempés et d’errance nocturne.

Le tempo de The Twins semble courir après le temps et  insuffle un sentiment d’urgence et d’effervescence qui suggère l’attente et la tension d’une scène capitale d’un film dont le dénouement serait proche.

Nomadic, le dernier morceau de l’album, est en grande partie un solo de batterie de Tony Williams durant lequel les autres musiciens n’interviennent qu’avec parcimonie. Tout en finesse et d’une très grande inventivité, il évolue même à certains moments vers des territoires nettement plus expérimentaux dont l’ambiance aquatique et énigmatique n’est pas sans rappeler l’album Tacet de Jean Guérin.

Grachan Moncur III et ses musiciens font ici preuve d’une sensibilité impressionniste et accouchent  d’une musique à l’élégance suspendue. Some Other Stuff est un disque d’une délicatesse confondante, tout entier imprégné d’une lumière lunaire à la beauté magnétique.

Chora – Ruined Parabola (Chironex, 2010)

17 Mai 2010

Ce que je connaissais de Chora jusqu’à présent était bruitiste, pour le meilleur comme pour le pire. J’ai donc été assez surpris lorsque j’ai posé le diamant de ma platine sur le sillon de leur album publié par Chironex.

Ruined Parabola n’est pas plus apaisé que ce que j’avais entendu auparavant mais d’une certaine manière plus clair et moins confus. Plus subtil et étoffé également. C’est un déluge de percussions qui accueille l’auditeur avec Pines Outracing Death qui occupe toute la face A. On se trouve d’emblée immergé au cœur d’un univers profondément mystérieux qui évoque rituels vaudous et autres cérémonies chamaniques. Le morceau évolue ensuite en une dérive sombre faite de plaintes et de gémissements d’instruments à vent et des crissements de cordes frottées. La musique  se fait peu à peu moins oppressante et se transforme en drones nocturnes et vastes derrières lesquels émergent des cris et des lamentations lointaines. Le final est crépusculaire et baigné de la même lumière lunaire qui irradiait déjà les moments les plus abstraits des plus beaux morceaux de Sonic Youth.

Sur l’envers du vinyle c’est Visitation qui ouvre le bal. Furieux et bruitiste, le morceau est tout en drones stridents, percussions cinglantes et chants aux sonorités bouddhistes. Tout ici nous entraîne une nouvelle fois sur le terrain effrayant des cérémonies rituelles. Arboreal Slum, entièrement composé de drones dissonants, enfonce le trou. On plonge ici dans les Abîmes noirs de l’inconscient. Je pense ici tout particulièrement à l’exposition de Wifredo Lam que j’ai vu ce week-end au Musée des Beaux-Arts de Nantes.

Moins sombre et plus lumineux que les morceaux précédents, Zimmermann est également le plus extatique et spirituel du lot. L’ouverture est soniquement proche du Black Angel’s Death du Velvet Underground, le chant en moins. Par la suite il s’étoffe et se pare des sonorités indiennes et orientales. On n’est pas très loin de l’intensité des morceaux les plus fougueux du Vibracathedral Orchestra mais avec des accents plus free jazz du fait de la présence des cuivres. Chora réussi ici un incroyable tour de force et accouche d’un morceau à la beauté sauvage et cinglante.

Ruined Parabola est album splendide qui ne fait que conforter mon enthousiasme pour les musiques acoustiques improvisées actuelles. Tous ceux qui voient dans la musique d’Albert Ayler ou Ascenscion de John Coltrane une forme de beauté devraient écouter ce disque de toute urgence.

Des titres sont en écoute sur le site MySpace du groupe.

Wifredo Lam, The Murmur, 1943, Huile sur papier monté sur toile.

Je ris avec John Cage.

14 Mai 2010

J’écoute de la musique classique avec Mickey

14 Mai 2010

J’écoute très peu de musique classique. La plus part du temps à la radio quand je conduis. Je n’y connais encore rien et j’ai du mal à mettre des mots sur ce qui me plait le plus. J’ai cependant remarqué que je semble être plus sensible à la musique de chambre qu’aux larges orchestres et que pour l’instant l’opéra ce n’est vraiment pas mon truc. Je reste cependant curieux. Je suis même aller en voir deux mais je ne fut à chaque fois qu’à moitié convaincu.

J’ai tenté ma chance avec ce superbe coffret 3 vinyles trouvé en parfait état pour presque rien dans un dépôt-vente. C’est plus l’objet qui m’a séduit au départ, mais toutes les occasions sont bonnes pour découvrir de nouvelles musiques.

Tous les morceaux sont ici archi connus, mais c’est la première fois que je les écoute plus que les quelques secondes que durent une pub ou une scène de film. Certains me touchent, d’autre moins mais c’est une bonne occasion de découvrir tous ces classiques. Je me familiarise avec ces oeuvres et j’habitue mes oreilles à leur complexité et leurs sonorités tout en regardant les très belles illustrations que comporte le coffret.

Clefs pour la Chine – chants et danses de Chine (Le chant du monde, 19??)

14 Mai 2010

J’ai regardé « Adieu ma concubine » dimanche dernier sur Arte mais je suis parti me coucher avant la fin car il finissait trop tard. Pour me consoler je réécoute ce disque trouvé au hasard d’un dépôt vente il y plus d’un an. Pas d’opéra chinois ici mais 6 airs populaires enregistrés dans des villages dans diverses provinces du pays.

J’aime particulièrement la très belle mélodie de l’air populaire « contents de se rencontrer », aux rythmes imprévisibles et gais. Elle m’évoque par certains égards des chants d’oiseaux. Le morceaux comporte de nombreux décrochés, des envolées rapides et surprenantes dans les aigus, aux rythmes complexes semblables à des piaillements. Il est interprété par Fou Tzé-Tchuen au ti-tzon, flûte traditionnelle chinoise.

« En lançant le filet de pêche » est également assez étonnant. La mélodie principale oscille entre lourdeur et gaieté et est entrecoupée de violents soubresauts de percussions métalliques.

Plus j’écoute ces musiques « exotiques » et plus je me dis que le patrimoine musical mondial est d’une richesse inouïe et inépuisable et qu’il me faudrait au moins trois vies pour en faire le tour.