Archive for décembre 2009

Bill Orcutt – A New Way to Pay Old Debts (Palilalia, 2009)

8 décembre 2009

 

Jack Rose est mort, vive Jack Rose. Quand j’ai entendu les premières notes du nouvel album de Bill Orcutt , ‘A New Way to Pay Old Debts’, j’ai immédiatement pensé au 45T sorti par Jack Rose sur le label Tequila Sunrise. Bill Orcutt est l’ancien guitariste de Harry Pussy, groupe que je n’ai jamais réussi à écouter, leur musique restant du bruit pour moi. En découvrant le disque de Bill Orcutt, je me suis dit qu’il s’agissait de l’album que je rêvais que Jack Rose fasse mais qu’il ne fera malheureusement jamais. J’attendais cet album depuis des années. Non pas que je connaissais Bill Orcutt ou je savais ni ne me souciais qu’il menait une carrière solo, mais parce que je rêvais qu’un tel album existe (ou du moins que j’en ai connaissance). Tout a commencé quand j’ai découvert Derek Bailey. Je n’ai jamais réussi à écouter sa musique mais je voulais désespérément l’aimer. Bien qu’elle reste incompréhensible pour moi, je sais qu’elle recèle un univers sans limites, d’une liberté totale où il doit être merveilleux de s’aventurer. Je suis resté à l’entrée du royaume de Bailey frustré et déçu et ‘A New Way to Pay Old Debts’ est apparu m’accueillent les bras ouverts et me gratifiant ainsi les plaisirs auxquels j’aspirais.

Je jubilais à l’idée de découvrir ‘A New Way to Pay old Debts’ dans son intégralité mais l’excitation a été de courte durée car j’ai appris que l’album était déjà épuisé et introuvable. Plus une seule copie en vente, pas même sur ebay. Heureusement pour moi, le label a eu la bonne idée de le rééditer. Je l’ai reçu il y a quelque jours et c’est une bombe atomique. Une successions de déflagrations sonores non stop. Une décharge d’énergie brute du début à la fin de chaque faces du vinyle. Pourquoi je ne peux pas écouter Derek bailey alors que je saute partout en écoutant cet album est un mystère. Oreilles sensibles s’abstenir. Bill Orcutt joue comme un malade sur une guitare à l’accordage assez particulier. Les cordes frisent et les notes explosent libérant une énergie inouïe qui vous scotche au plafond.La puissance primitive du blues originel est ici poussée à son paroxysme. L’instrument est au bord de l’agonie mais l’on devine sous le déluge de « fausses » notes une technique et une maîtrise indéniable.

Ce disque sorti de nulle part et réalisé par un musicien dont je déteste le groupe a été un véritable choc. Je vais désormais suis Bill Orcutt de très près et guetter sur ebay le 45T  qu’il a sorti quelque mois avant cet album.

Ci-dessous, une improvisation mise en ligne sur le site de Palilalia le label de Bill Orcutt, ainsi qu’un extrait de l’album.

 

Bill Orcutt, A New Way to Pay Old Debts, Palilalia, 2009. Première édition 500 exemplaires. 2ème édition 500 exemplaires. En vinyle uniquement.

Jack Rose est Mort

8 décembre 2009

Jack Rose est mort d’une attaque cardiaque le 5 décembre dernier à 38 ans. Je suis triste. Il a été pour moi l’une des plus importantes figures musicales de ces dernières années. Avec Ben Chasny de Six Organs of Admittance il était l’un des esprits les plus brillants du folk contemporain, mélangeant avec brio tradition blues et folk, influences orientales et expérimentations sonores. J’ai collectionné avec avidité ses disques solos sortis en petites éditions sur les labels les plus passionnants du moment, mais je ne connais encore presque rien de son groupe Pelt. J’ai une préférence pour ses albums les plus expérimentaux tels Raag Manifestos ou l’incroyable 45T sorti chez Tequila Sunrise en 2006. Ces disques les plus récents, plus traditionnels, étaient plaisants mais pas aussi bouleversants que ceux sortis auparavant. J’attendais que ce plaisir évident de jouer des morceaux bluegrass et ragtime mute et se transforme en de nouvelles explorations sonores plus abstraites. L’attente sera malheureusement sans fin à moins que ‘Luck in the Valley’ qu’il s’apprêtait à sortir pour Thrill Jockey ne me surprenne.

Je me replonge dans ses albums avec d’autan plus de tristesse que je réalise à quel point sa musique sera irremplaçable. Heureusement d’autres artistes partageant le même esprit aventureux continueront d’entretenir la flamme allumée par John Fahey et dont Jack Rose était le plus flamboyant représentant. Mon regard se tourne vers Paul Metzger et je réécoute le dernier et incroyable album de Bill Orcutt.

 

Vous trouverez une interview de Jack Rose en français ici.

Jeanne Lee & Ran Blake, ‘The Newest Sound Around’ (BMG, 1961)

6 décembre 2009

J’aime de plus en plus le jazz mais je n’y connais pas grand chose ; les grandes figures des années 60 tout au plus. Une goutte d’eau dans l’océan de l’histoire du jazz. Dans le champs restreint de ma culture jazzistique ‘The Newest Sound Around’ occupe une place à part. Je n’ai encore jamais entendu quelque chose d’aussi glacial, beau et étrange à le fois. Cet album a quelque chose de lunaire. Il diffuse une lumière pâle. Il en émane un charme serein et mystérieux. Ran Blake égraine les notes avec parcimonie et délicatesse. Son jeu en apesanteur fait la part belle aux silences, aux légères dissonances et aux notes suspendues. Jeanne Lee chante avec retenue à la limite de la froideur, mais sous la glace brûle le feu de l’âme noire du blues et du gospel comme le montre sa bouleversante interprétation a capella de ‘Sometimes I feel like a Motherless Child’.

L’album s’ouvre par ‘Laura’ l’un des morceaux les plus envoûtant qu’il m’ai été donné d’entendre. De la rencontre de la voix grave et feutrée de Jeanne Lee et du jeu épuré et cristallin de Ran Blake naît une force magnétique et troublante. Fragilité et gravité se jouent l’une de l’autre. Elle s’unissent et se défont, en équilibre entre les pôles mouvants dessinés par le jeu délicat et attentif des deux musiciens. Tout l’album est à cette image, oscillant entre la pureté diaphane de ‘Where Flamingos Fly’ et la richesse jubilatoire et éclatante de ‘Church on Russel Street’.

‘The Newest Sound Around’ est nimbé d’une pâleur astrale et d’une tranquillité étale. Jeanne Lee et Ran Blake y développent un jeu en clair obscure, délicat et épuré qui culmine en une version irréelle de ‘Summertime‘. Aux éclats de notes fantomatiques succèdent des puissants accords telluriques sur lesquels la voix de Jeanne Lee se déploie avec puissance et majesté.

‘The Newest Sound Around’ est une œuvre fascinante et unique, d’une beauté rare et étincelante. Un joyau noir, fruit de la rencontre stellaire entre deux musiciens au sommet de leur art.

Un peu de banjo

4 décembre 2009

Rock à Brest

2 décembre 2009

Lou Reed et le Velvet Underground ne jouaient jamais deux fois la même chanson de manière identique.

1 décembre 2009