Archive for août 2009

Eric Copeland – Hermaphrodite

22 août 2009

Eric Copeland,  Hermaphrodite, Paw Tracks, 2007.

Jana Winderen – Heated (Touch, 2009)

10 août 2009

Heated_Winderen

Je viens de franchir une nouvelle étape dans le développement de mes goûts musicaux. Ces deux dernières années j’ai eu tendance à me détourner de la pop et du rock pour farfouiller du côté des musiques plus étranges et expérimentales. A noter que j’utilise le terme expérimental plus comme un lieu commun, une référence à une catégorie communément admise comme non pop, bien que cela ne veuille absolument rien dire quand on y regarde de plus près. Car bien évidemment les Beatles étaient l’un des meilleurs groupes de musique expérimentale au monde.

Les premiers symptômes de mon intérêt pour les musiques expérimentales remontent cependant à bien des années en arrière lorsque je découvrais avec émerveillement les déluges des larsens du final de The Diamond Sea de Sonic Youth, les rythmes déstructurés d’Aphex Twin et d’Autechre ou le free jazz via John Coltrane. Mon penchant pour les musiques étranges n’a fait que se radicaliser depuis ces années de jeunesse.

Récemment, je me suis passionné pour le free folk, les drones et les paysages électroniques et sonores de Fennesz et Tim Hecker. C’est avant tout l’aspect abstrait de la musique de ces derniers qui me fascine. Il n’y a bien souvent ni rythmes évidents, ni mélodies clairement identifiables. Rien qui se rapproche des codes de la musique occidentale, à tel point que beaucoup de personnes se demanderont ce que l’on peut bien trouver de musical là dedans. Pas de notes, c’est à dire de sons culturellement définis comme justes, mais des bruits et des sons plus ou moins agréables à l’oreille. Cet aspect « acculturel » et abstrait se rapproche dans un certain sens du chaos et par là-même me renvoie à quelque chose de profondément sauvage, voire naturel, vers un monde vierge dénué de références « anthropocentristes » [oui, je sais, il y a beaucoup de guillemets dans cette phrase mais c’est parce que je ne suis pas très habitué à utiliser tous ces mots compliqués et que je ne veux pas faire semblant de maîtriser tout ce que je raconte. Ces chroniques sont pour moi l’occasion de mettre de l’ordre dans mes idées et donc sont une sorte de « work in progress ». J’utilise maladroitement ces mots un peu pompeux parce qu’à un moment il faut bien en choisir certains pour décrire au mieux sa pensée. Quand on veut aller au-delà du c’est bien, c’est pas bien, j’aime, j’aime pas, il devient nécessaire de manipuler des termes plus complexes, quitte à passer pour un intello à deux francs]. Pour qui sait écouter, les sons de la nature se révèlent être bien plus insolites et étranges que l’on ne veut bien le croire. Assez paradoxalement, ils ne sont pas si éloignés de certains sons abstraits utilisés dans la musiques électronique. Pour cela un exercice intellectuel est cependant nécessaire. Essayez d’écouter le son de la mer, non pas comme le son provenant de la mer, mais pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il évoque ou ce à quoi il renvoie. Vous allez voir c’est surprenant. Une écoute attentive permet de se rendre compte qu’il est étrangement proche des bruits blancs et abrasifs générés par de nombreux musiciens électroniques (techniquement, le bruit de la mer est un bruit blanc). De même je n’oublierai jamais l’oiseau qui à Ste Anne la Palus chantait du Autechre à tue tête.

C’est donc en toute logique que le label Touch, grand pourvoyeur de musiques électroniques abstraites publie également à l’occasion des fields recordings, c’est-à-dire des prises de sons captés in situ sur le terrain et hors d’un studio. Ma première rencontre avec ce type d’enregistrements fut le 45T de Chris Watson pour la série Touch 7. Puis en fouillant sur le site du label, je suis tombé sur la Touch Radio qui propose d’écouter en ligne des œuvres sonores plus expérimentales et moins musicales que les productions habituelles du label. Un certain nombre des morceaux proposés sont du domaine des fields recordings et parmi ces derniers quelques uns ont été pour moi de véritables révélations (Donadea Forest, Elk Song, Dramazon). Toutefois, celui qui m’a le plus marqué fut Utvaer de Jana Winderen. Il s’agit d’un enregistrement effectué au phare de Utvaer situé près de la ville d’ Hardbakkeen en Norvège. On peut y entendre le bruit du vent et des vagues s’écraser sur les rochers. La prise de son est précise, le bruit des éléments nous est donné à entendre de manière détaillée et l’on en perçoit les moindres nuances. On se sent comme enveloppé dans un brouillard épais et blanc, transporté là où tout n’est plus que vent et embruns. L’expérience est saisissante. Il y a déjà quelques mois de cela Jana Winderen a sorti sur support physique deux autres enregistrements. Un 45T Surface Runoff, sur Autofact et Heated live in Japan en CD sur Touch. Malheureusement je n’ai plus le 45T sous la main car il est rangé avec mes 45T de la série Touch Seven en attente de jours moins mouvementés. J’en parlerai plus tard quand j’aurais eu plus le loisir de l’écouter. Passons donc à Heated. Je ne sais pas si tous les sons utilisés pour ce live sont d’origine naturelle ou si certains ont été enregistrés dans des bâtiments tant les vrombissements qui ouvrent l’album évoquent une usine ou une centrale électrique. Ils ont en revanche tous été enregistrés en Islande, Groenland et Norvège. Je serais francs, je n’apprécie pas Heated autant que Utvaer. Le résultat me parait moins dense et plus confus. Rien ne ressort et je ne peux ni distinguer de progression, ni identifier de moments remarquables. Le tout me semble trop brouillon, trop homogène. La musique me paraît fermée et confinée. Les sons peinent à respirer et semblent engoncés, à l’étroit dans la prestation de Jana Winderen. Ils se mélangent mais ne dialoguent pas les uns avec les autres. Ils se superposent mais se neutralisent. Seuls les enregistrements déjà entendus sur Utvaer et réutilisés ici arrivent à donner une cohérence et à instaurer une hiérarchie à l’ensemble et ainsi créer le meilleur passage de l’album. Heated est plus intéressant que plaisant à écouter. Il lui manque une dimension émotionnelle ainsi qu’une structure claire qui illuminerait et magnifierait les sons. Ce live laisse cependant entrevoir de nouvelles perspectives que j’ai hâte d’explorer.

Black métal. Les classiques.

6 août 2009

Suite à mon article précédent sur deux albums de black métal expérimentaux, je viens de passer un peu de temps sur youtube à écouter les pionniers du black métal (écoute basée sur une liste que vous trouverez ici). Et bien, je tombe des nues. Beaucoup de préjugés s’effondrent. Bon d’accord, le chant est toujours un peu pénible et trop stéréotypé à mon goût, mais passé ce détail et l’idéologie plus ou moins nauséabonde qui est associée au genre, le black métal  s’avère être beaucoup plus riche et intéressant que je ne le pensais. Assez versé dans l’exprimental par ailleurs.

Comme pour Blut Aus Nord, je ne me vois pas écouter ce genre de musique tous les jours, mais une fois de temps en temps ça sera avec plaisir.

 Voici une sélection des morceaux qui m’ont le plus marqué

Black métal expérimental

6 août 2009

J’ai découvert Blut Aus Nord grâce à la liste de fin d’année de All Music consacrée aux meilleurs albums de métal. Je ne suis pas fan de métal en règle générale mais je suis curieux de nature et j’y avais jeté un coup d’œil rapide. La liste s’intitulait un truc comme « les 10 meilleurs albums métal de l’année, plus un que vous aurez trop peur d’écouter ». Intrigant. Il y avait donc 10 albums dont MoRT, plus un onzième The Drift de Scott Walker. Voilà une chose bien intelligente et perspicace que d’avoir inclus cet album comme bonus dans une liste consacrée au métal tant il est vrai qu’il est capable de donner des bouffées d’angoisse aux plus fervents adeptes des musiques métal extrêmes. C’est donc d’un œil bien veillant que je commençais à éplucher la liste. Quand j’en suis arrivé à MoRT, j’ai été assez intrigué car d’une part Blut Aus Nord est un groupe français et d’autre part leur musique était décrite comme du black métal expérimental. Black métal expérimental ? Ca existe ? Je tape le nom du groupe suivi du titre de l’album sur Google et je déniche une vidéo sur Youtube. J’appuie sur le bouton play, la vidéo se lance. En moins de deux secondes j’ai la tête compactée sous une chape de plomb et j’ai envie de vomir. Pour cette fois-ci ce sera un compliment. Je n’en reviens pas, je ne pensais pas qu’une telle musique existait. Du métal extrême sans grand guignol ni accoutrements ridicules. Juste de la musique anxiogène et malsaine, la plus entêtante qu’il m’ait été donné d’écouter à ce jour. Je suis bluffé par la production qui me fait penser à My Bloody Valentine agonisant  pour cause d’abus de Valium et se traînant sans espoir dans l’obscurité de catacombes condamnées. Je vais être honnête, aussi époustouflante que j’ai pu trouver cette musique, je ne l’ai réécoutée qu’à de rares occasions et jamais pendant très longtemps, par manque d’endurance et parce que je tiens à ma santé mentale. A consommer avec modération.

  Blut Aus Nord, MoRT, Candlelight records, 2006.

 

En ce qui concerne Spektr, je l’ai découvert aujourd’hui grâce à une interview d’un de membres de Blut Aus Nord et j’ai bien accroché. On s’éloigne encore un peu plus des sentiers battus par le black métal pour se diriger vers quelque chose de plus expérimental. Un mélange de jazz façon In a Silent Way de Miles Davis (si, si écoutez bien la batterie), d’ambient et d’électronique bruitiste, murs de bruits blancs et dissonances inclus. Préparez-vous pour 12 minutes de terreur jouissive. Cerise sur le gâteau, la vidéo est superbe.

Spektr, The Near Death Experiences, Candlelight records, 2006.

Philip Jeck – Sand (Touch, 2008)

4 août 2009

Philip_jeck

Touch est un label anglais auquel je porte une attention de plus en plus grande du fait de la qualité constante de ses productions. Cerise sur le gâteau, ces fondateurs ont développé une esthétique cohérente et singulière. Les pochettes sont toujours de superbes photos de paysages, de textures ou de lumière, réalisées par Jon Wozencroft.

Bien que Fennesz reste pour moi la tête d’affiche de ce label, ces derniers mois j’ai fait de bien belles découvertes. La plus récente d’entre elles est le denier album de Philip Jeck intitulé Sand. J’avais découvert Philip Jeck avec son album Live at Liverpool sorti sur Autofact et le split 45 T réalisé en compagnie de Fennesz pour la série des Touch Seven. L’album et le 45T m’avaient fait forte impression. Sand plus encore.

L’album sonne comme une symphonie étrange jouée à l’envers dans une chapelle troglodyte sur une planète inconnue. Crépitements et grésillements se réverbèrent à l’infini entre de multiples couches de synthétiseurs. Un groupe de percussions malaisiennes, fantomatique comme l’image naissante d’un polaroid, se joint brièvement à l’ensemble avant de laisser sa place au souvenir d’un orchestre à cordes. Eclats violents, bribes de mélodies ensevelies, tintements de cloches, lentes distorsions et murs de bruits blancs s’imbriquent pour former un collage surréaliste, sombre et onirique.

L’album évoque un cadavre exquis. Il se tisse et s’organise entre linéarité, répétitions, retours en arrière et rebond d’une idée à l’autres. Tantôt étale, voire à peine audible, tantôt d’une rare violence, la musique de Philip Jeck se joue du temps. Une beauté lunaire et ténébreuse se dégage de Sand. C’est un réel choc esthétique et la virtuosité dont fait preuve Philip Jeck est stupéfiante. Comment fait-il pour réaliser cela en live à partir de vieux vinyles usés, de synthétiseurs, d’un mixer et d’un enregistreur de mini disques ? Comment fait-il pour juxtaposer tous ces bruits et ces fragments de sons ensemble de manière si cohérent sans que cela ne sonne jamais ni ennuyeux ni comme une débauche de technicité gratuite ?

Sand est un album merveilleux, d’une richesse inouïe qui se laisse découvrir peu à peu au fil des écoutes. Il est un univers dans lequel il fait bon plonger vers un grand inconnu.

Un titre en écoute ici.

Philip Jeck, Sand, Touch, 2008.

Il ne faisait pas bon être la guitare de Pete Townshend

4 août 2009

Je re-découvre les années 70 (1)

4 août 2009

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Je ne comprends pas, mais alors vraiment pas. Pendant des années je pensais ne pas aimer Bruce Springsteen (exception faite de Nebraska). J’avais bien essayé d’écouter certains de ses morceaux, je suis même aller jusqu’à acheter son premier album mais rien à faire. Sa musique m’a toujours laissé de marbre. Jusqu’à ce matin.  Mais bordel comment ai-je pu passer à côté de ça ? Je reste bouche bée devant ce deluge d’électricité et de rage.

Je re-découvre les années 90 (1)

3 août 2009

album-no-depression

Uncle Tupelo, No Depression, Rockville, 1990.

En écoute sur Deezer

Le Mot et le Reste

2 août 2009

lemotetlereste

Brice Tollemer, Pearl Jam – Vitalogy

Claire Fercak, Smashing Pumpkins  – Tarantula Box Set

Anne Savelli, Cowboy Junkies  – The Trinity Session / ‘til I’m Dead

Olivier Pilarczyk, Nirvana – Drain You

Le Mot et le Reste, déjà responsable de la parution d’excellents livres consacrés à la présentation de listes d’albums tout aussi excellents,  sort une nouvelle collection : Solo. Cette dernière à pour but de donner la parole à un auteur afin de lui permettre de nous transmettre ses souvenirs et ses sentiments par rapport à un album ou à une chanson. Rencontre entre musique et littérature en toute subjectivité. Pas d’analyse ou de mise en perspective historique mais le pur plaisir pop de l’émotion suscitée par la musique. Les livres sur Pearl Jam et Nirvana me font sérieusement de l’œil. Je suis toujours curieux de pouvoir comparer mon expérience personnelle, la façon dont j’écoute la musique et la manière dont elle m’influence avec celle des autres. J’espère pouvoir revivre mes émotions d’adolescent.