J’avais acheté un lot de 3 albums de Chris Watson quand Touch avait fait une promo. Après en avoir bien écouté deux d’entre eux et publié leurs chroniques, j’avais ensuite mis le dernier de côté. J’avais besoin d’une pause. Je le ressors maintenant.
Je l’ai mieux réécouté l’autre soir dans des conditions particulières. J’étais au lit, il faisait très chaud et très lourd, la fenêtre était ouverte et les bruits du dehors se mêlaient aux field recordings de Weather Report. Soudain un violent orage a éclaté au même moment où un autre se déchaînait sur les enregistrements effectués au Kenya. J’étais dans un demi sommeil et tout a commencé à se mélanger. C’était une expérience incroyable. Un de ces moments magiques durant lesquels l’expérience musicales est parfaite et totale.
Weather Report est composé de 3 longues plages de 18 min. La première a été enregistrée le 17 octobre 2002, entre 5h00 et 9h00, dans les plaines du Massaï Mara au Kenya. Chris Watson condense 14 heures d’enregistrements et nous fait suivre l’évolution de la journée : les changements d’ambiances sonores, les animaux en action, les intempéries, les bergers qui conduisent leur troupeau… C’est la vie de la savane qui nous est donnée à entendre.
Si le morceaux ne n’avait pas marqué lors des premières écoutes, l’autre soir lors de l’orage, il a pris une autre dimension. Chris Watson a réussi à capturer une partie de la puissance et de la violence de la vie au Massaï Mara et il nous la restitue dans un assemblage épique qui possède la grandeur d’une épopée. Il parvient à construire une narration ouverte et non descriptive par le montage des enregistrement. Sur cet album son approche est quasi cinématographique.
Ceci est particulièrement frappant dans la seconde piste composée à partir d’enregistrements réalisés en Écosse entre Septembre et Décembre. Écoutez la coupure à 4 minutes. Quel sens de la mise en scène!
Chris Watson est un virtuose. Il parvient à capturer l’impalpable et à le restituer avec une finesse infinie, grâce à une débauche de détails absolument étourdissante et cela sans jamais tomber dans l’anecdote et perdre de vue l’ensemble plus vaste de la composition. Le jeu sur les échelles est maîtrisé à la perfection depuis la restitution de l’ambiance générale jusqu’à la capture du son le plus infime.
La dernière piste nous rappelle encore une fois que les sons issus de la nature sont d’une richesse inouïe. Il est vraiment difficile de croire qu’il s’agit bien là d’enregistrements de terrain et qu’il n’y a eu aucune modification ultérieure en studio. Tous les sons proviennent de glaciers situés en Islande. Cette musique est divine – oui, musique, il n’y a pas d’autre mot – et d’une beauté à couper le souffle. Son écoute est obligatoire pour tout amateur de drone. Je n’en reviens toujours pas.