Ce blog est plutôt consacré aux musiques étranges et expérimentales (du moins de par les chroniques, les vidéos sont plus aléatoires) non par volonté d’exclure tout ce qui pourrait sonner grand public, mais pour faire partager et faire découvrir des artistes trop méconnus, peu diffusés et trop souvent restreints à un public ‘spécialisé‘. Je souhaite cependant que Les Oreilles qui Bourdonnent soit également le reflet de mes goûts musicaux dans toute leur diversité. Je n’écoute en effet pas que des musiques ‘bizarres’ mais également beaucoup de rock et de pop.
J’ai véritablement découvert Beach House il y un mois de cela, en live à la Route du Rock (la vidéo du concert est en ligne ici) . J’en avais évidemment entendu parler sur Pitchfork lors des sorties de leurs deux premiers albums mais ces derniers m’avaient paru assez banals. Au détour de ce même site j’avais également écouté Norway, leur impeccable dernier single. Bien que magnifique, il ne m’avait cependant en rien préparé à ce qui allait suivre.
Le 19 février dernier je me suis pris une gigantesque claque ; mais alors une claque vraiment monstrueuse. Beach House est avant tout une voix. Une voix chaude, rauque, puissante et sensuelle, celle de l’envoûtante Victoria Legrand. Sur scène la chanteuse dégage une présence magnétique, aussi attirante qu’intimidante. J’étais hypnotisé, sous le charme du début à la fin du concert, pouvant à peine détourner le regard de ce visage insondable caché derrière de longs cheveux rebelles. Derrière son orgue électrique, sa pose était à la fois, assurée et fragile. Nerveuse, presque agressive. Le concert fut intense, peut être un peu plus pour la gente masculine… L’espace d’une heure j’ai été un papillon de nuit.
Teen Dream est lui aussi superbe. Des morceaux se dégage quelque chose des premières ballades d’Elvis Presley. Pas stylistiquement bien sûr, mais ils ont la même classe infinie, la même aisance, la même facilité à transmettre l’émotion et puis il y a cette même puissance sexuelle dans la voix. Cependant chez Beach House il n’y a pas de candeur, pas de naïveté, mais une noirceur sous-jacente, une élégance vénéneuse. Un poison velvetien coule dans les veines du duo.
Beach House insuffle une évidence et une efficacité pop aux ambiances cafardeuses et oniriques déjà balayées par les Cocteaux Twins, Mazzy Star ou les Cowboy Junkies sur les Trinity Sessions (album lui aussi enregistré dans une chapelle. Ahh, la superbe reprise de Sweet Jane…). Peu importe les influences. Beach House les transcende toutes. Le groupe a réussi à élaborer un son qui lui est propre et qui est reconnaissable entre mille.
Les morceaux sont instantanément mémorisables. Chaque titre possède un refrain ou un arrangement qui ne vous lâche pas. Comment ne pas être transporté par la mélodie de Lover of Mine, par la tristesse de Real Love ? Comment ne pas être marqué à vif par Walk in the park dont chaque instant surpasse en grâce le précédent ?
L’attention portée au son est remarquable. Il est souple, chaud et enveloppant. Il faut écouter Teen Dream, seul, le soir, affalé dans des coussins colorés et moelleux à la lumière d’une flamme vacillante. La musique de Beach House a quelque chose de doré et de précieux. Je comprends mieux la pochette du premier album maintenant. Les compositions sont (faussement) simples et l’on imagine l’application maniaque avec laquelle elles ont été élaborées. Cependant la minutie et le soucie du détail ne viennent jamais perturber la beauté et l’évidence fulgurante des mélodies.
Pour faire court, c’est album est sublime.
Ci dessous, un concert issu d’une soirée de poche organisée par la toujours indispensable Blogothèque.
Les vidéos Vodpod ne sont plus disponibles.