Archive for février 2010

Mika Vainio – Black Telephone of Matter (Touch, 2009)

13 février 2010

La musique de Mika Vainio est loin d’être accessible. En temps normal je ne m’aventure pas trop dans les contrées si obscures de la musique électronique expérimentale et à ce point abstraite. Je me suis attardé sur cet album parce qu’il est sorti sur le label Touch auquel je voue une grande admiration.

Écouter ‘Black Telephone of Matter’ demande de la persévérance et de la patience. Je ne me sens pas vraiment compétant pour décider si cet album est bon ou non. Je ne connais rien à la discographie de Mika Vainio, je ne peux donc pas le comparer avec ses albums précédents.  Je me garderai donc de tenter toute évaluation.

Mika Vainio se livre ici à un gigantesque collage sonore privilégiant les contrastes. Ces enregistrements viscéraux fond la part belle aux ambiances sombres. Je ne sais pas si la division de l’album en morceaux ayant chacun un titre est si importante. A l’écoute cela ne saute pas aux oreilles tant chaque titre est lui même une succession de moments distincts. Les sons de divers provenances s’entrechoquent . On passe sans transition de bruits stridents, à des murs de bruits blancs, des croassements de corbeaux, de longues dissonances, des tintements métalliques, des souffles ou de longues plages de quasi silence.

‘Black Telephone of Matter’ est le genre d’album à écouter tard le soir, fatigué et le idées embrouillées,
ou alors confortablement installé dans un fauteuil à regarder la lumière du jour évoluer. J’écoute cet album comme je regarde un court métrage expérimental sur Arte à 2 heures du matin. Je ne sais pas vraiment ce que j’entends, je ne le comprends pas, je n’essaie même pas. Je me laisse porter par les sons qui défilent. Il faut accepter de se laisser aller, de lâcher prise, de partir à la dérive au grès des images mentales qui naissent à l’écoute de la musique.

‘Black Telephone of Matter’ est un album difficile mais qu’étrangement je prends plaisir à écouter et auquel je reviens assez souvent. Il me parait plus poétique et onirique (tendances cauchemardesques tout de même) que d’autres albums soniquemment semblables mais à l’approche quasi scientifique et trop frigide à mon goût.

A écouter avec précaution mais à écouter tout de même. Des extraits ici et .

King Darves – The Sun Splits For The Blind Swimmer (De Stijl, 2008)

6 février 2010

Le label De Stijl est toujours une mine d’or pour les amateurs de musiques un brun décalées. Je n’ai pas été convaincu par l’ensemble des sorties mais chacune d’elles vaut cependant le coup d’être entendue au moins une fois afin d’avoir un aperçu de ce que des cerveaux plus ou moins cramés peuvent produire chacun dans leurs styles respectifs.

En matière de folk, ‘Moonlight Farm’ de Jakob Olausson et ‘Little Eyes’ d’Ed Askew furent de gros coups de coeur et font parti de ces albums de folk crépusculaire qui ont forgé mon intérêt pour le genre (j’y reviendrai peut être une autre fois). ‘The Sun Splits for the Blind Swimmer’ complète la liste. Je n’ai trouvé que peu d’informations sur King Darves hormis qu’il vient du New Jersey et qu’il joue de tous les instruments sur cet album. Le plus souvent seul à la guitare, il chante d’une voix riche et profonde qu’on a du mal à imaginer appartenir à un jeune homme d’une vingtaine d’années. Cette voix est assurément l’élément le plus marquant du disque et pourrait en rebuter plus d’un. Quelque part entre celle de Johnny Cash et d’un druide du 18ème siècle, elle est grave, puissante et chaleureuse et baigne de sa singularité l’ensemble des morceaux.

Les chansons sont d’une facture assez conventionnelle et traditionnelle. On est loin ici d’une approche expérimentale et bruitiste. Pas de longues plages instrumentales torturée ici mais de vraies chansons avec  rythme, mélodie et parfois même refrain ! King Darves joue un folk brut mais orné et arrangé de touches pop: discrètes percussions, un coeur qui vient souligner un refrain… Les compositions sont variées :  ballades mélancoliques et dramatiques ‘What for the Stables’, morceaux plus dynamiques ‘All My Sleep’, petites pépites à la mélodie légère ‘This Ivory’ et folk dépressif et poussiéreux ‘ Oh I’ve Come A Ragin Sun’.  L’une de mes préférences va à ‘Home’ qui clos magnifiquement l’album. Rarement la voix de King Darves aura été si émouvante.

J’ai une affection particulière pour cet album qui m’évoque à la fois l’esprit des albums solos de Michael Yonkers dans les années 70 et ceux plus récents de Wooden Wand. Folk solitaire et lo-fi enregistré avec les moyen du bord mais arrangé avec sensibilité et inventivité, ‘The Sun Splits for the Blind Swimmer’ est un premier album très attachant. J’ai hâte d’entendre la suite.

Des extraits ici, et . Plus deux vidéos ci-dessous.