Archive for the ‘Ces objets de désir’ Category

Peut-on acheter un livre juste parce qu’il est beau ? OUI #1

29 septembre 2014

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Je n’ai vraiment pas gardé un souvenir impérissable du Hussard sur le toit étudié en classe de seconde, mais j’ai quand même acheté Colline de Giono car j’ai trouvé le livre, l’objet magnifique.

J’ai découvert il y a quelques mois de cela des éditions proposées par des clubs de livres (club du meilleur livre, club du livre français, club des éditeur, guilde du livre de Lausanne…) qui dans les années 50-60 avaient un soucis du design, de la mise en page, de la typographe. La maquette de Colline est réalisée par Massin, grand nom du graphic design dans le domaine de l’édition. Le début du livre se déploie comme un générique de film ; 61 ans après c’est toujours aussi beau et aussi moderne. Alors plutôt que d’acheter un gros et onéreux bouquin sur Massin, j’achète ces œuvres pour quelques centimes ou quelques euros dans les dépôts-ventes. On verra bien si je lis les livres par la suite.

Jean Giono – Colline (Club du meilleur livre, 1953 ; maquette: Massin)

Sun Ra – The World Is Not My Home (Jazzman, 2010)

27 février 2011

Comme pour achever de me convaincre de succomber définitivement aux charmes de la musique de Sun Ra, Jazzman a publié un second (et dernier) volume consacré aux singles de Sun Ra. Il est daté de 2010 sur Discogs mais je n’ai eu vent de son existence qu’en janvier dernier. Là encore ce fut la croix et la bannière pour trouver une copie. Après des heures et des heures de recherches infructueuses sur le net, j’avais laissé tombé. Quand à la fin du mois de janvier je suis allé faire un tour au centre ville de Nantes – je n’y étais pas allé depuis longtemps – l’idée lumineuse me vint d’aller faire un tour chez Mélomane (très bon disquaire nantais). On y trouve souvent des choses intéressantes et pas courantes. J’y traîne ma copine, lui promettant que ça ne sera pas long. Mince, rien, et pourtant j’ai ratissé tous les bacs. Par acquis de conscience je demande au disquaire s’il n’aurait pas la dernière compilation triple 45T des singles de Sun Ra. Magie, il en a commandé 5 exemplaires. 3 sont réservés, le 4ème est pour lui. Il en reste un. C’est pour moi.

Il arrive la semaine suivante. Je tiens enfin dans mes mains l’objet tant convoité. The world is not my home, reprend la même pochette que le précédent volume.  Elle se déplie en 3 panneaux mais cette fois-ci la sérigraphie est argentée. Les vinyles sont transparents et en plus il y a un tapis aux motifs fluorescents sur lequel on peut poser les disques pour les jouer (cf. vidéo ci-dessous). Le Pied !

The world is not my home prouve une nouvelle fois à quel point la discographie de Sun Ra est un vrai boxon. Par exemple le premier titre, A foggy day a été enregistré entre 1954 et 1955 mais n’a été utilisé en single qu’en 1983. C’est une composition des frères Gershwin que Sun Ra a enregistrée avec le groupe de doo-wop, The Nu Sound. Le morceau est très beau, dans la lignée de Dreaming, présenté dans le volume 1, mais sans accompagnement instrumental.

October est quant à lui plus sombre. Il s’ouvre par un appel des cuivres à l’unisson qui fait penser au son d’une corne de brume. La première partie du morceau est une marche funèbre mais elle se transforme à mi chemin en une ballade jouée de manière presque normale.

Blues on Planet Mars, est comme son nom l’indique, un blues. Le morceau est issu des mêmes sessions qui ont donné l’album Atlantis. On peut y entendre les sonorités étranges et lugubres du clavinet électronique de Sun Ra. Les réglages de l’instrument s’inspirent de la musique baroque.

Sur la compilation se trouve la première version connue de Mayan Temple. Ce titre met lui aussi en avant les sonorités étranges des claviers électroniques de Sun Ra. Elles sont cependant ici, plus futuristes que lugubres. Des clusters de notes aiguës et métalliques explosent de part et d’autre d’une ligne mélodique jouée au moog. Elles accompagnent un solo poignant et intense de Marshall Allen dont le hautbois aux sonorités nasillardes évoque l’orient.

Le dernier 45T est le seul a respecter le couple face A / face B d’origine. Tous les autres étaient des associations de différents morceaux piochés sur les 12 singles (soit, 24 morceaux) publiés par Saturn, le label de Sun Ra. Disco 2100 et Sky Blues (Live) ont tous deux été enregistrés live en Italie le 23 janvier 1978. Sky Blues (Live) est un superbe morceau de funk.  Disco 2100 est quant à lui une version courte de Disco 3000 qui durait à la base 25 minutes.  C’est un grand moment de bordel cosmico surréaliste. Des parties de claviers électroniques très free y sont accompagnées par une ligne mélodique sautillante jouée en boucle. Là encore j’aimerai voir ce morceau servir d’accompagnement sonore à un spectacle de fin d’année d’une école primaire.

Ce qu’il y a de bien avec la musique de Sun Ra c’est qu’on s’éclate vraiment en l’écoutant. Mais qu’en auraient pensé les Muppets ?

Sun Ra – The Shadows Cast By Tomorrow (Jazzman, 2010)

26 février 2011

Pendant longtemps je ne me suis pas trop intéressé à Sun Ra. En tant que fan de free jazz, j’en avais forcément entendu parler (en bien) mais à chaque fois que je tentais d’écouter des morceaux, je restais sur ma faim. Il faut dire que les choses avaient mal commencé. Quand au début des années 2000 je découvrais le nom de Sun Ra c’était le plus souvent avec l’étiquette free jazz collée dessus. Hors pour moi à l’époque free jazz rimait plus ou moins avec Impulse !. Hors Sun Ra est bien loin des sonorités et de l’esthétique propres ce vénérable et oh combien magnifique label. J’étais donc assez perplexe et ne savais pas trop quoi faire du gus. Cette musique échappait à toute classification et comme bien souvent quand j’écoute quelque chose pensant découvrir une musique rentrant dans une certaine catégorie et qu’elle n’a au final rien à voir avec cette dernière, je mets de côté pour y revenir plus tard. Il m’était arrivé exactement la même chose avec les Talking Heads. Au détour d’un vide grenier je mets la main sur Remain In Light. Je pense alors avoir dégotté un super album de punk (j’avais déjà des doutes car la pochette ne faisait pas punk du tout). Imaginez ma surprise quand je mets le vinyle sur la platine et que les premières notes résonnent. Bon je m’égare, revenons en à Sun Ra. Donc, j’étais perplexe et un peu perdu. Je me disais que non franchement Sun Ra ça ne ressemblait à rien et pour ne rien arranger à l’affaire, un copain m’avait donné une quantité prodigieuse de mp3, une trentaine d’albums d’un coup ce qui acheva définitivement de me perdre dans les méandres de la musique de Sun Ra.

Avance rapide, 2010. Je vois débarquer sur une compilation de trois 45T de Sun Ra présentés dans une superbe pochette dépliante 3 panneaux, sérigraphiée à l’encre dorée, numérotée (999 exemplaires) et summum de la classe et du bon goût les vinyles brillent dans le noir (remarquez la nouvelle catégorie créée tout spécialement pour l’occasion : ces objets de désir). L’objet est magnifique et en plus je me suis pris affection pour le format 45T (format pop par excellence) donc je décide de tenter ma chance. L’idée de découvrir ces singles (rares qui plus est, certains étaient encore inconnus jusqu’à une période assez récente. Il faut dire que la discographie de Sun Ra est un bordel sans nom) dans leur format original me séduisait. Certains singles ne sont pas à proprement parler des inédits mais des versions alternatives de morceaux qui se trouvent sur des albums. A titre indicatif on a répertorié quelques 150 versions différentes de Love In Outer Space. De plus les 2 ou 3 minutes que dure une face seront plus digestes que les 45 minutes que dure un album, ce qui en fait une porte d’entrée plutôt bienvenue vers l’univers délirant du musicien. Je vous passe les détails de ma galère pour mettre la main sur une copie à un prix décent. Elles se sont en effet toutes volatilisées en quelques heures.

Depuis que j’ai The Shadow Cast By Tomorrow je m’éclate comme un gosse avec mes vinyles (je vous rappelle qu’ils brillent dans le noir). Il faut dire que le format 45T convient à merveille à la musique. Les 6 morceaux présentés ici sont vraiment excellents mais je comprends que je sois passé complètement à côté à l’époque.

Dreaming (La vidéo en lien présente 7 morceaux. Dreaming est le troisième morceau, il commence à partir de 2’50 ») qui ouvre le bal date de 1955 ou 1956 (quand je vous disais que la discographie de Sun Ra était un vrai bordel…) est un petit bijou de doo-wop céleste. Il a été enregistré par The cosmic rays, l’un des groupes de doo-wop auxquels a participé Sun Ra dans les années 50.

The Sun Man Speaks voit le chanteur de R&B Yochanna prendre le devant de la scène. Avec sa façon excentrique de chanter il dynamite complètement le swing de morceau. Il lui insuffle une énergie rock’n roll et complètement dégantée.

Rocket #9 et Love In Outer Space, comme leurs noms l’indiquent, sont des odes à l’espace, tandis que Enlightenment (dont la première version apparaît sur l’album Jazz in Silhouette) fait figure de valse ivre et vacillante.

Last but not least, The Perfect Man, élu meilleur morceau du monde du jour, est un irrésistible moment de funk cosmico rigolo que je rêverais de voir utilisé comme bande son pour le spectacle de fin d’année d’une école primaire. J’imagine déjà les costumes spatiaux et les aliens aux tentacules de cartons s’animer dans une chorégraphie débridée pour le plus grand bonheur des enfants mais sous les regards perplexes et médusés des parents.

Je suis définitivement acquis à la cause de Sun Ra.